Autres façons d’utiliser les ressources et de faire des affaires

L’Oekozenter Pafendall et le Mouvement écologique, dans le cadre de leur projet Rethink(*), ont invité conjointement le 08 décembre 2020 à un événement en ligne sur le thème « ReUse-Repair-Share ».  Environ 80 participants intéressés y ont pris part, notamment un certain nombre d’acteurs des communes, de la gestion des déchets et du commerce, du secteur de l’économie sociale et des groupes d’initiative. Au début de la soirée, Christophe Murroccu, après une brève introduction du contenu par le président de l’Oekozenter Pafendall Théid Faber, a présenté les suggestions essentielles pour la commune et l’état dans le domaine de l’action ReUse-Repair-Share, qui ont été identifiées dans le cadre du projet Rethink.

Regardez l’événement en replay ici

 

(Pour éviter les répétitions, nous renvoyons ici à l’intégralité de la brochure du projet et à un bref résumé. Vous trouverez les deux sur les pages Internet www.meco.lu respectivement www.oekozenter.lu. Les présentations PowerPoint se trouvent également dans les téléchargements).

Carole Dieschbourg, ministre de l’environnement, a ensuite présenté les projets actuels du gouvernement luxembourgeois dans le domaine de la gestion des déchets et du recyclage – la nouvelle législation sur les déchets et la stratégie dite « Null Offall ».  Au niveau européen, il existe cinq directives qui seront mises en œuvre au Luxembourg dans deux grands paquets législatifs (Cadre déchets (N° 7659), emballages (N° 7654), produits en plastiques à usage unique (N° 7656), DEEE (N° 7701), piles et accumulateurs (N° 7699)) ainsi que divers règlements grand-ducaux.

La ministre Carole Dieschbourg a divisé sa présentation en quatre thèmes clés : « Mieux protéger et utiliser notre sol, nos forêts et nos eaux »: il s’agit de l’interdiction des couverts en plastique, des substances dangereuses et de la pollution des sols et des eaux, etc.

« Mieux utiliser nos affaires »: ce thème fait référence aux produits jetables, aux microplastiques ainsi qu’aux centres de recyclage et aux quotas. Le troisième concerne les emballages, les gobelets en plastique et la promotion d’alternatives réutilisables. Enfin, le dernier thème clé porte sur la (re)construction des bâtiments.

Ensuite, l’orateur invité Matthias Neitsch (Re-Use- und Reparaturnetzwerk Österreich) a abordé les différents aspects du champ d’action « ReUse-Repair-Share-Cycles courts ». Dès le début, l’orateur a souligné que l’économie circulaire ne peut se réduire seul au recyclage, mais qu’il s’agit d’un processus de changement social qui implique un véritable changement de paradigme. La gestion des déchets joue certainement un rôle important à cet égard, mais elle n’est qu’une des vis de réglage. Le défi le plus important est plutôt une nouvelle forme de convivialité et d’activité économique.

À l’aide d’un organigramme des flux de matières mondiaux du début du XXe siècle à aujourd’hui, Matthias Neitsch a illustré leur évolution au cours des 115 dernières années. Selon l’orateur, pour réussir dans l’économie circulaire, il faut d’abord mettre un terme à l’augmentation de ce que l’on appelle le stockage (construction de routes, infrastructures, etc.), ensuite, il faut ralentir considérablement le flux de matériaux et de produits dans notre système économique et enfin, il faut augmenter la part du recyclage. Cette dernière mesure n’est d’aucune utilité si le flux total de matériaux continue de croître.

Matthias Neitsch rejette également l’exigence, souvent créée par la politique, d’une croissance accrue afin de pouvoir se permettre par exemple une protection efficace de l’environnement et la préservation de l’État social. Selon l’intervenant, seule l’économie circulaire serait une solution, ce qui impliquerait des cycles très étroits, ces derniers étant les meilleurs en raison de leur courte durée de circulation lors de la phase d’utilisation des produits. Le recyclage des produits ne serait finalement qu’une solution peu optimale, car le processus de fabrication ne se ferait pas sans pertes de qualité et de quantité. Selon Matthias Neitsch, l’économie circulaire doit avant tout se définir par un allongement de la durée de vie des produits et une diminution de la consommation, ce qui signifie automatiquement une réduction de la consommation de ressources, une diminution des déchets et, notamment grâce à l’amélioration des possibilités de réparation, une augmentation de la création d’emplois.

 

En ce qui concerne le domaine du partage (sharing), il est important que les initiatives dans ce domaine soient fortement encouragées au niveau municipal de différentes manières (exemple : ville comestible – planter tous les espaces verts d’une commune avec des plantes comestibles). Cet exemple serait facile à mettre en œuvre et créerait en outre un tout nouveau sentiment de communauté.

Le sujet « Réutilisation » a été présenté avec des chiffres impressionnants concernant l’évitement des déchets, la création possible d’emplois et les résultats concrets des initiatives ReUse en Autriche et surtout leur aspect social. C’est notamment le cas des « parcs de ressources » en Autriche, en cours de construction, dans lesquels des synergies entre la gestion des déchets et les aspects socio-économiques (gestion du ReUse Shop intégré) sont réalisées. Un domaine très important est également le secteur de la construction qui est le plus gros consommateur de déchets. Dans ce contexte, Matthias Neitsch a présenté le projet « Baukarussel », qui tente de promouvoir la réutilisation dans le secteur du bâtiment. Les éléments réutilisables (p. ex. poutres en bois, portes…) doivent être identifiés et transmis en fonction de la demande.

Dans la dernière partie, « réparer », l’orateur a souligné que la valeur des Repair Cafés ne devrait pas nécessairement être mesurée par la quantité de déchets évités, mais plutôt par le sentiment de faire la différence ensemble. C’est la principale raison pour laquelle la politique devrait soutenir beaucoup plus ces initiatives, par exemple en recrutant des bénévoles et des organisateurs. Lorsqu’on lui demande comment le secteur de la réparation de la société civile interagit avec le secteur commercial, il répond qu’ils pouvaient en fait se soutenir mutuellement. Si par exemple un produit ne peut plus être réparé dans un café de réparation, les personnes responsables de celui-ci renverront le client vers les entreprises commerciales locales. Inversement, les entreprises commerciales peuvent s’impliquer dans les Repair Cafés, car de telles initiatives peuvent abaisser le seuil d’inhibition des visiteurs pour la réparation.

Après les présentations, tous les participants ont eu l’occasion d’échanger des idées avec Carole Dieschbourg et Matthias Neitsch lors d’une session ouverte de questions-réponses. Parmi les sujets abordés citons la réparabilité des appareils électriques, le succès des subventions autrichiennes à la réparation (Reparaturbon), les problèmes d’élimination du bois traité, le recyclage dans le secteur de la construction, la question de la croissance économique, et bien d’autres encore.