Bilan et perspectives de la politique agricole commune

Le Service de conseil agricole de l’Oekozenter Pafendall et de Lëtzebuerger Landjugend a Jongbaueren, en échange direct avec le Mouvement écologique, travaille depuis des années à la réforme de la politique agricole dans l’intérêt des agriculteurs, de la nature et de l’environnement. Tant le « Green Deal » européen que la réforme de la PAC européenne (« politique agricole commune ») seront décisifs pour le développement de la politique agricole. Les décisions qui seront prises au niveau de l’UE et la position des représentants du Luxembourg lors des négociations de Bruxelles seront de la plus haute importance pour l’avenir des agriculteurs, la biodiversité, le bien-être des animaux, etc. La question est très complexe. Afin de permettre à toute personne intéressée de se faire une idée plus précise de ce dossier compliqué, des rapports réguliers sur l’évolution de la situation seront publiés ici. Dans ce numéro, vous trouverez quelques informations de base. Notre objectif est de garder un œil sur ce qui se passe à Bruxelles et de proposer ensemble (Oekozenter Pafendall, Mouvement Ecologique et Lëtzebuerger Landjugend an Jongbaueren) des solutions à notre gouvernement au niveau national et d’exercer une certaine influence sur la position du Luxembourg à Bruxelles.

Le Service de conseil agricole de l’Oekozenter Pafendall et de Lëtzebuerger Landjugend a Jongbaueren, en échange direct avec le Mouvement écologique, travaille depuis des années à la réforme de la politique agricole dans l’intérêt des agriculteurs, de la nature et de l’environnement. Tant le « Green Deal » européen que la réforme de la PAC européenne (« politique agricole commune ») seront décisifs pour le développement de la politique agricole. Les décisions qui seront prises au niveau de l’UE et la position des représentants du Luxembourg lors des négociations de Bruxelles seront de la plus haute importance pour l’avenir des agriculteurs, la biodiversité, le bien-être des animaux, etc. La question est très complexe. Afin de permettre à toute personne intéressée de se faire une idée plus précise de ce dossier compliqué, des rapports réguliers sur l’évolution de la situation seront publiés ici. Dans ce numéro, vous trouverez quelques informations de base. Notre objectif est de garder un œil sur ce qui se passe à Bruxelles et de proposer ensemble (Oekozenter Pafendall, Mouvement Ecologique et Lëtzebuerger Landjugend an Jongbaueren) des solutions à notre gouvernement au niveau national et d’exercer une certaine influence sur la position du Luxembourg à Bruxelles.

Une réforme de la politique agricole commune (PAC) est prévue dans l’UE dans un avenir proche. Dans les numéros suivants, nous aimerions commenter les décisions et les projets jusqu’à présent. Dans ce premier article, nous essayons de donner aux lecteurs une compréhension du contexte historique.

La fondation de la Communauté économique européenne (CEE) en 1957 a également jeté les bases de la politique agricole commune européenne (PAC), qui est entrée en vigueur en 1962. Les objectifs ont été clairement définis à l’époque : fournir aux citoyens européens une alimentation suffisante à des prix raisonnables. En outre, l’objectif était de garantir les revenus des agriculteurs*. Trois principes fondamentaux définissent le cadre de la première PAC : libre échange des marchandises dans tous les États membres, priorité aux produits de l’UE et financement conjoint de l’argent par le budget de l’UE. Actuellement, 41 % des dépenses de l’UE sont consacrées à l’agriculture, contre 70 % en 1985. La Commission a affecté 30 % du budget de l’UE à l’agriculture pour la période 2021-2027.

Dans les premières années, l’intention était d’augmenter l’efficacité et la production des exploitations agricoles. Cela s’est fait principalement par le biais du soutien des prix (intervention*, prélèvement à l’importation**, restitution à l’exportation***) des produits agricoles. Les moyens employés ont été couronnés de succès et ont rapidement conduit à une surproduction.

En 1993, avec l’introduction de la réforme Mac Sharry, le soutien des prix a été considérablement réduit et on a eu davantage recours aux subventions pour le volume de production et à une prime à l’hectare de culture. Afin de lutter contre la surproduction, les exploitations de plus de 15 ha devaient réserver 15 % de la superficie pendant un an.

En 2005, sous la direction du commissaire à l’agriculture Franz Fischler, le système de prime liée au produit a été remplacé par un système découplé. Cela signifie que ce qui est cultivé n’a pas d’importance tant que la production est faite de manière professionnelle. La conditionnalité, qui lie le versement de fonds publics à des normes juridiques et éthiques (protection de l’environnement, bien-être des animaux, sécurité des denrées alimentaires et des aliments pour animaux) depuis 1980, a été renforcée. Le document définissant les lignes directrices de la conditionnalité au Luxembourg compte 163 pages. Quelques exemples pour vous aider à le comprendre : La culture sur brûlis est interdite, toute application d’engrais azotés est interdite dans les zones de protection de l’eau potable, l’utilisation de protéines animales dans l’alimentation des ruminants est interdite, l’attache est interdite, etc.

Le dernier ajustement pour la période 2014-2020, qui sera prolongée d’un ou deux ans, est basé sur la redistribution des fonds à la fois entre les États membres et entre les agriculteurs, selon l’importance de l’exploitation. Ainsi, chaque agriculteur pourra recevoir une prime de base plus importante pour les 30 premiers hectares que pour les 30 hectares suivants. La mise en œuvre varie d’un pays de l’UE à l’autre.  En outre, le soutien aux biens communs tels que la protection de l’eau ou la biodiversité a été étendu (maintien des prairies permanentes, maintien de « surfaces utilisées dans l’intérêt de l’environnement » représentant au moins 5 % des terres arables de l’exploitation).

Une autre réforme de la PAC est maintenant imminente, le cap a déjà été fixé dans certains cas et sera discuté et donc mis en œuvre en temps utile. Dans les médias, des termes tels que « Green Deal », « Ecorégimes », 1er et 2ème piliers, « Stratégie de la biodiversité », « Stratégie de la ferme à la table », etc. sont fréquemment mentionnés. Dans ce qui suit, nous voulons donner un aperçu des interactions et des influences de ces termes sur la future PAC.

1er et 2ème piliers, division des fonds agricoles de l’UE en 2 piliers

La division en 2 piliers existe depuis l’entrée en vigueur de l’Agenda 2000 et continuera d’exister. Les piliers jouent un rôle à la fois dans le financement (1er pilier : Fonds européen agricole de garantie, 2e pilier : Fonds européen agricole pour le développement rural) et dans les paiements.

Le premier pilier comprend le paiement direct, qui est lié au domaine de production et inclut le respect des règles de conditionnalité. Les paiements directs comprennent, obligatoires pour tous les pays de l’UE, la prime de base, le paiement pour l’écologisation **** et le soutien supplémentaire aux jeunes agriculteurs. Il existe également des paiements facultatifs pour les zones défavorisées ou des paiements liés à la production pour des produits spécifiques.

Les mesures de marché pour l’intervention sur le marché et le soutien sectoriel ont moins d’influence. Il s’agit notamment des règles relatives à la commercialisation des produits agricoles, de mesures spécifiques pour la prévention des distorsions du marché et de mesures de crise.

 

Le 2e pilier de la PAC comprend un large éventail de mesures dans le domaine du développement rural, de la protection de l’environnement et du climat (transfert de connaissances, programme de soutien à la préservation des prairies fruitières, semis direct, c’est-à-dire semis sans labour préalable). La mise en œuvre de ces mesures est décidée au niveau national ou régional afin de pouvoir répondre aux différents besoins et conditions locales.

Ecorégimes

Les « éco-réglementations » doivent devenir un nouvel instrument du futur écart pour récompenser les performances écologiques par des paiements directs. L’utilisation extensive des prairies, la culture de légumineuses sans utilisation de pesticides ou la création de bandes fleuries et bénéfiques pour les insectes seront probablement quelques-unes des nombreuses mesures.  La protection appliquée de l’environnement deviendrait pratiquement une nouvelle branche d’activité. L’argent pour ces règlements proviendrait du 1er pilier et remplacerait l’écologisation. Cependant, elles sont volontaires et la compétence pour l’interprétation de ces règles se situe au niveau national. Mesures peuvent donc être adaptées aux besoins locaux, mais il y a aussi un risque que les fonds soient victimes de mesures moins bénéfiques.

Green Deal

Le concept du pacte vert, qui a été présenté sous la direction d’Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a une influence directe sur la future politique agricole. L’agriculture joue un rôle clé dans l’objectif de devenir le premier continent du monde à devenir neutre sur le plan climatique d’ici 2050. La sécurité alimentaire est également importante.

Stratégie sur la biodiversité

Cette stratégie est une pierre angulaire du « Green Deal » et comprend comme objectifs la création de zones protégées (30 % de zones terrestres et 30 % de zones marines dans toute l’Europe) et la restauration des écosystèmes terrestres et marins endommagés. Pour ne citer que quelques exemples, l’utilisation de pesticides doit être réduite de 50 % d’ici 2030, 3 milliards d’arbres doivent être plantés et 25 000 km de cours d’eau doivent être remis en eau.

Stratégie « De la ferme à la table »

Avec sa stratégie « De la ferme à la table », la Commission européenne veut faciliter la transition vers un système alimentaire européen durable qui garantisse la sécurité alimentaire et assure l’accès à une alimentation saine provenant d’une planète saine. Elle fait également partie du « Green Deal » et a des implications majeures pour la future PAC. Parmi les objectifs notables figurent une part de 25 % de terres biologiques, une réduction de 50 % de l’utilisation d’antibiotiques dans l’élevage et l’aquaculture et la création d’un observatoire de la sécurité alimentaire.

Perspective

Depuis le 01.07.2020, l’Allemagne assume la présidence du Conseil de l’UE. La ministre allemande de l’agriculture, Julia Klöckner, veut fixer des priorités, surtout en ce qui concerne l’étiquetage relatif au bien-être des animaux, la réforme de la PAC et la stratégie « de la ferme à la table ». L’adoption du « cadre financier pluriannuel » 2021-2027 joue un rôle important dans l’orientation de la future PAC. Dans les mois à venir, l’Allemagne aura une grande influence sur la future PAC et la stratégie « De la ferme à la table ».

Comme les différents pays disposent d’une grande marge de manœuvre quant à la manière dont les règlements sont mis en œuvre dans la pratique, il reste à voir à quoi ils ressembleront au niveau national. Certaines mesures ont déjà été prises à l’avance, comme l’objectif de 25 % d’agriculture biologique d’ici 2030.

*Intervention : prend effet lorsque le prix d’un produit (beurre, lait écrémé en poudre ou viande bovine) accepté à l’intervention publique dans l’UE tombe en dessous du seuil de référence. La Commission rembourse l’achat de ce produit par les organismes d’intervention pendant une certaine période de l’année afin de réduire l’offre sur le marché et de soulager ainsi le marché.

**Prélèvements à l’importation : les droits à l’importation ont protégé le marché européen contre les importations à bas prix en provenance de pays tiers.

***Remboursement à l’exportation : afin d’être compétitif sur le marché mondial avec les produits agricoles, les exportateurs se voyaient rembourser la différence entre un prix de seuil fixe et le prix du marché mondial.

****Greening : Composante obligatoire de l’écologisation pour soutenir les méthodes agricoles respectueuses du climat et de l’environnement dans toute l’UE. L’écologisation comprend, par exemple, la culture d’au moins deux plantes si l’exploitation dispose de 10 à 30 hectares de terres arables. La culture principale ne peut pas dépasser 75 % des terres arables. Un autre point est la préservation des prairies permanentes. Les zones de valeur écologique doivent être préservées et si les terres arables dépassent 15 ha, au moins 5 % des zones écologiques prioritaires (ZEP) doivent être disponibles sur ces zones.

Juillet 2021