L’essai de blé pérenne donne des résultats mitigés
En semant du blé pérenne, l’Oekozenter Pafendall a lancé en 2018 un essai sur le terrain sur une parcelle de LTA à Bettendorf. Dans l’esprit de l’agriculture durable, le « blé pérenne » s’est imposé, car cette culture pérenne est censée mieux s’accommoder des périodes de sécheresse et des sols pauvres en éléments nutritifs grâce à son système racinaire développé. Après des années très différentes – et parfois extrêmes – en raison des conditions météorologiques, l’essai a maintenant pris fin.
L’essai visait à acquérir une première expérience avec cette culture largement inconnue au Luxembourg, afin de pouvoir répondre aux questions relatives à la densité de semis et à l’évolution du rendement sur plusieurs années et dans différentes conditions météorologiques sur un site luxembourgeois. Le blé pérenne est un croisement entre le blé et le chiendent intermédiaire, qui a été développé et utilisé jusqu’à présent principalement en Amérique du Nord, mais qui suscite aujourd’hui un intérêt croissant en Europe. Les raisons en sont principalement le changement climatique et la nécessité de réduire les besoins en engrais – et donc les apports de nutriments dans le sol – dans la production agricole.
Blé pérenne sur le champs d’essai du LTA à Bettendorf
Déroulement de l’essai et rendements
L’essai a débuté avec un mélange de cinq variétés différentes de blé pérenne et visait d’abord à déterminer la densité de semis la plus appropriée au Luxembourg (110, 200, 250, 300 grains/m2). Il a été démontré que le développement (peuplement) de la parcelle avec la densité de semis la plus faible (110 grains/m2) était particulièrement satisfaisant. En même temps, il a été constaté qu’il n’y avait pas de différences significatives en termes de rendement entre les différentes densités de semis. Toutes les parcelles expérimentales récoltées ont donné un rendement d’environ 51 quintaux par hectare (q/ha) la première année.
Peuplement de la parcelle d’essai |
Blé en été
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En 2020, le blé devait être récolté à nouveau après sa deuxième période de végétation. Cependant, en raison de fortes inondations au début de l’année 2020, la repousse a été peu abondante. Le champ ne se prêtait donc pas à une récolte exploitable. Afin de ne pas abandonner l’essai et d’étudier dans quelle mesure les céréales pérennes produisent réellement des grains pendant plusieurs années consécutives, il a été décidé de mettre en place un nouvel essai.
Cette fois encore, il s’agissait d’un essai de densité de semis, mais avec une sélection plus ciblée. Certes, on a continué à travailler avec un mélange de cinq variétés (voir « MM » dans le tableau). En même temps, une variété spécifique (nom de la lignée P3) a pu être sélectionnée à partir de la récolte précédente et semée séparément. Le conseil technique de Naturland en Allemagne, sous la direction de Monsieur Werner Vogt-Kaute, avec lequel l’«Ekologësch Landwirtschaftsberodung » avait eu des échanges, avait estimé que cette lignée était particulièrement persistante sur la base de ses essais sur le terrain.
En 2021 et 2022, le blé a pu être récolté à nouveau. Cependant, comme on peut le constater dans le tableau, une baisse des rendements se dessine pour toutes les variétés après la première année de production.
2021 | 2022 | ||
Comparaison de rendement | q/ha | Comparaison de rendement | q/ha |
110 grains/m2 MM | 30.99 | 110 grains/m2 MM | 23.73 |
160 grains/m2 MM | 35.20 | 160 grains/m2 MM | 30.10 |
200 grains/m2 MM | 27.16 | 200 grains/m2 MM | 17.35 |
300 grains/m2 MM | 28.14 | 300 grains/m2 MM | 27.35 |
Comparaison des rendements en quintaux par hectare
Bilan et perspectives – besoins de recherche supplémentaires
En 2022, il a été décidé de ne pas poursuivre l’essai. Après la deuxième année de récolte, il était prévisible qu’un nouvel ensemencement aurait été nécessaire en raison de la faible densité de population.
L’essai ne permet toutefois pas de tirer des conclusions générales sur le nombre d’années pendant lesquelles le blé pérenne peut produire des grains, ni dans quelles conditions. L’essai en plein champ ne remet pas non plus fondamentalement en question le fait que le blé pérenne est une culture d’avenir. Dans la recherche de nouvelles méthodes, variétés et techniques de culture plus durables, le blé pérenne reste intéressant.
Cependant, trop de questions restent encore sans réponse à l’heure actuelle : Comment la culture peut-elle être plus respectueuse du sol et moins exigeante en main-d’œuvre ? Comment développer un système racinaire plus développé et de bons rendements sur plusieurs années ? Comment optimiser la fertilisation ? Quelle est la meilleure façon de prévenir ou d’éliminer les mauvaises herbes ?
Et enfin, et non des moindres : A quelles fins le blé pérenne est-il particulièrement adapté ?
Le potentiel va du fauchage pour l’alimentation du bétail à la production de grains pour le fourrage ou même pour le blé panifiable, voire à une combinaison de tout cela.
La recherche et la pratique cherchent encore actuellement des réponses à des questions comme celles-ci. Ainsi, il y a constamment de nouvelles connaissances scientifiques sur les différentes variétés de blé pérenne, y compris en Europe. Mais avant tout, la sélection des variétés et des semences doit encore être adaptée aux différents sols et conditions climatiques en Europe et doit continuer à progresser. Tant que ce n’est pas le cas, l’utilisation de cette culture dans les exploitations agricoles ne semble ni probable ni recommandable.
Néanmoins, on peut s’attendre à ce que les plantes pluriannuelles, associées à des mesures agricoles plus résilientes au climat et régénératives, fassent partie intégrante d’une agriculture durable dans un avenir pas trop lointain. En effet, le besoin de cultures nécessitant moins d’eau et d’engrais augmente en raison du changement climatique. Et les plantes vivaces avec un système racinaire développé devraient en principe avoir un avantage dans ce domaine, même si des recherches supplémentaires sont nécessaires.
L’Oekozenter Pafendall suivra l’évolution de la situation et mènera, en collaboration avec la LTA, d’autres essais avec des cultures alternatives prometteuses à Bettendorf, afin de leur assurer un avenir au Luxembourg.