Rendre l’agriculture durable

Conclusion d’une rencontre entre Lëtzebuerger Landjugend a Jongbaueren, l’Oekozenter Pafendall, la plate-forme des AMAP et le ministre de l’Agriculture, R. Schneider.

Des représentants du « Lëtzebuerger Landjugend an Jongbaueren » et du « Oekozenter Pafendall » ainsi que des représentants de la plate-forme « solidaresch Landwirtschaft » ont été reçus par le ministre de l’Agriculture Romain Schneider le 17 juillet 2019.

L’objectif de cette visite était de présenter au ministère des points de discussion politique générale ainsi que des réglementations spécifiques concernant l’agriculture solidaire.

Pour expliquer : qu’est-ce que l’agriculture solidaire, en bref AMAP? Il s’agit d’une forme alternative de commercialisation dans l’agriculture. Les principales caractéristiques d’une AMAP sont le préfinancement d’une récolte / production complète par le consommateur à l’agriculteur. Le principe de solidarité s’applique, car le préfinancement signifie que le risque est partagé.

Une AMAP ne nécessite aucun commerce intermédiaire et la méthode de production est définie conjointement par le consommateur et l’agriculteur. Cela offre à l’agriculteur une sécurité et au consommateur une alimentation saine, régionale et saisonnière. On peut dire que ce n’est pas la nourriture qui est payée, mais le travail de l’agriculteur et la direction de la production. En outre, ce modèle contribue à accroître la diversité dans les exploitations agricoles, encourage les petites exploitations familiales et conduit à une plus grande diversité dans le paysage culturel.

Lors d’une discussion avec le ministre R. Schneider, les obstacles qui se posent lors de l’établissement d’une AMAP ont été abordés et des solutions possibles ont été discutées. Les questions clés étaient l’activation de l’article 35 (coopération) du règlement FEADER*, un ajustement de la production standard** pour les petites exploitations et la distribution de la viande de l’exploitation. Sur ces points et sur tous les autres points importants (formation, aide à l’investissement, soutien des revenus), il a été convenu de rechercher des solutions concrètes le plus rapidement possible au sein d’un groupe de travail composé de représentants de toutes les parties prenantes.

Un autre point à l’ordre du jour était l’utilisation du compost provenant des déchets verts en agriculture, qui est réglementée par la directive sur les nitrates (ministère de l’environnement). Le compost doit être considéré comme un conditionneur de sol afin de pouvoir l’utiliser plus largement dans la culture des légumes grâce à sa faible libération d’azote.

La « prime de bien-être public » pour les exploitations agricoles, qui est ancrée dans l’accord de coalition, a également été débattue. Malheureusement, aucun détail n’est disponible à ce stade.

Enfin, l’accord de libre-échange Mercusor***, qui créera la plus grande zone de libre-échange au monde, a été discuté. Cet accord, conclu entre l’UE et les États du Mercosur, est synonyme de commerce basé sur des règles. Le service de conseil agricole écologique a attiré l’attention sur les dangers qu’un tel accord de libre-échange entraînerait tant pour l’agriculture nationale que pour la nature et l’environnement dans les pays du Mercusor, ainsi que pour les objectifs de l’accord de Paris sur le climat. Le ministre R. Schneider a partagé cette évaluation et l’a exprimée en conséquence au niveau de l’UE. La critique s’appliquerait également à la sécurité alimentaire, aux conditions sociales de travail et au bien-être des animaux dans les pays d’Amérique du Sud.

 


*Article 35 du règlement FEADER : FEADER signifie « Fonds européen agricole pour le développement rural ». L’article 35, qui encourage la coopération, est composé de plusieurs priorités. L’approche suivante est intéressante pour les AMAP : coopération horizontale et verticale entre les acteurs de la chaîne d’approvisionnement pour créer et développer des chaînes d’approvisionnement courtes et des marchés locaux.

** La production standard est le revenu moyen des ventes/ha d’une culture donnée, calculé dans l’UE sur la base des prix du marché et des rendements moyens ajustés annuellement. Cela permet à la typologie communautaire des exploitations agricoles de les classer en fonction de leur type d’exploitation et de leur taille économique.

Pour les fermes AMAP, cette valeur est importante car il faut atteindre une production standard de 75 000 € pour être considéré comme une ferme à plein temps. Le chiffre de 75 000 euros est basé sur le fait qu’il équivaut à un revenu minimum annuel. Le rendement standard n’est théoriquement pas atteint dans les petites exploitations AMAP de moins d’un hectare, mais dans la pratique, il est plus que clairement généré.

*** Mercusor : marché commun sud-américain. Pays membres : Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay. Membres associés : Bolivie (processus d’intégration), Chili, Pérou, Colombie et Équateur.