Utiliser les smartphones de manière plus smart

Réparation au lieu d’un nouvel achat : action en ligne d’Oekotopten.lu

A l’occasion du Black Friday, l’équipe d’Oekotopten.lu lance une action de sensibilisation aux smartphones sur les médias sociaux afin d’appeler à une utilisation respectueuse de nos ressources. Cette action fait partie de la campagne Fixit « Flécken. Léinen. Notzen » de l’Oekozenter Pafendall et du Mouvement Ecologique.

On dit que le signe d’un changement fondamental dans la société est l’apparition d’un nouvel objet que l’on emporte avec soi quand on sort de chez soi : les clés, le portefeuille et, depuis quelques années, le smartphone. Que ce soit pour écouter de la musique, regarder des films, prendre des photos ou tout simplement téléphoner, le smartphone est omniprésent. Ce qui est moins visible, mais néanmoins présent, c’est la consommation de ressources et les déchets électroniques, ainsi que les conséquences sociales et environnementales qu’ils entraînent.

Le 25 novembre, c’est le « Black Friday », une journée d’action où la publicité est faite avec des prix fortement réduits et où on appelle à une augmentation problématique de la consommation. Avec l’action de sensibilisation au smartphone autour de cette journée de consommation, l’équipe d’Oekotopten.lu souhaite attirer l’attention sur certains côtés sombres de l’industrie du smartphone. Une série d’infographies (images informatives), lancée via les médias sociaux du projet Oekotopten.lu, vise à informer sur des données factuelles et d’ici les vacances de Noël, à sensibiliser à la consommation de ressources autour du smartphone.

Au départ, il y a le constat que les déchets électroniques ne sont pas un problème à négliger. Ecotrel, l’organisation responsable de l’élimination correcte des déchets électroniques au Luxembourg, collecte en moyenne 6.650.000 kg(!) d’appareils électroniques par an. A cela s’ajoutent les appareils qui ne sont pas éliminés correctement et qui sont jetés dans les ordures ménagères et les déchets encombrants. Les smartphones ont contribué à l’augmentation de cette montagne de déchets électroniques au cours des dernières années.

Des mégatonnes de déchets électroniques – des ressources gaspillées

Selon le « Global E-waste Monitor »[i], 53,6 mégatonnes de déchets électroniques ont été produites dans le monde en 2019. Une grande partie de cette quantité – 4,7 mégatonnes – était constituée de petits appareils informatiques et de télécommunications. En Europe, 12 mégatonnes d’appareils électriques ont été mises au rebut au cours de la même période, soit 16,2 kilogrammes par habitant. Seules 5,1 mégatonnes (42,5 %) ont été correctement collectées et recyclées, alors que les appareils électriques et les smartphones recèlent des matières premières précieuses.

Dans sa série d’infographies, Oekotopten attire l’attention non seulement sur les problèmes liés à l’élimination des smartphones, mais aussi sur la production et la consommation de matières premières. Les smartphones sont composés à 56 % de plastique, à 16 % de verre et de céramique et à 25 % de métaux et de terres rares. Ces dernières comprennent le cuivre du Chili, le fer et l’étain de Chine, le nickel d’Indonésie, le lithium du Chili et de Bolivie, le cobalt de RDC et de Zambie, le coltan de RDC et du Rwanda, et d’autres encore.

Conséquences sociales et écologiques

Parmi les nombreux problèmes liés à la production d’électronique, le travail des enfants figure en tête de liste. Selon l’organisation de défense des droits de l’homme Amnesty International[ii], environ 40.000 mineurs travaillent dans des mines rien qu’en RDC. C’est là que l’on extrait notamment le cobalt utilisé dans les batteries rechargeables. Dans le cadre d’une recherche, l’organisation s’est entretenue avec des enfants concernés. Beaucoup d’entre eux ont indiqué qu’ils devaient travailler pour pouvoir se payer l’école. Ils travaillent alors avant et après les cours, tout comme les week-ends. Le gouvernement de la RDC veut abolir le travail des enfants d’ici 2025. Les organisations de défense des droits de l’homme doutent toutefois que cet objectif puisse être atteint. Au travail des enfants s’ajoutent les dommages environnementaux causés par l’extraction minière et qui touchent particulièrement les communautés locales – par exemple lorsque les déchets de l’extraction compliquée des terres rares s’infiltrent dans la couche d’eau souterraine et menacent l’eau potable des riverains.[iii]

Réparer plutôt que remplacer

Il faut donc utiliser les smartphones (comme les autres appareils électriques) aussi longtemps que possible et ne pas les remplacer immédiatement en cas de petits dommages. Car de nombreux dommages – Oekotopten attire également l’attention sur ce point – sont tout à fait réparables. Les défauts de l’appareil photo, de l’écran, de la batterie ou de la prise de charge, par exemple, ne signifient souvent pas la fin d’un smartphone. Certaines réparations peuvent même être effectuées par soi-même. On trouve sur Internet des instructions de réparation détaillées pour de nombreux modèles. De nombreux détails à ce sujet sont disponibles sur www.oekozenter.lu/fixit

La possibilité de réparer un smartphone (ou tout autre appareil électrique) (et la complexité de la réparation) dépendent souvent en grande partie des fabricants. Ceux-ci peuvent faciliter ou compliquer la tâche des consommateurs, par exemple en fournissant des pièces de rechange à des prix raisonnables ou en publiant des données techniques pour aider à la réparation.

C’est pourquoi la France a introduit le 1er janvier 2021 l' »Indice de réparabilité ». Depuis son introduction en France, l’indice doit être indiqué pour différents appareils. Les appareils électriques (tels que les smartphones, les ordinateurs portables, les rasoirs électriques et les machines à laver) reçoivent une note de 0 à 10, selon qu’ils sont facilement ou difficilement réparables.

Classement des téléphones portables pour le Luxembourg

L’équipe d’Oekotopten a établi, sur la base de l’indice français, une liste des smartphones les plus faciles à réparer disponibles sur le marché luxembourgeois, ainsi des  recommandations d’achat. La liste peut être consultée sur le site web d’Oekotopten.lu et est régulièrement mise à jour. Le Fairphone 4 est actuellement en tête de cette liste, ce qui n’est pas surprenant étant donné que le fabricant de ce modèle a fait de la réparabilité sa priorité numéro un.

Pour les consommateurs, il n’est souvent pas facile de trouver des informations et des conseils pour économiser l’énergie et les ressources. C’est pourquoi Oekotopten propose un guide en ligne adapté au marché luxembourgeois. Vous trouverez plus d’infos sur Oekotopten.lu., Facebook et sur Instagram. Sur les sites Internet de Oekozenter Pafendall et du Mouvement Ecologique, vous trouverez en outre des informations complémentaires sur le projet Rethink et la campagne Fixit.

[i] https://ewastemonitor.info/wp-content/uploads/2020/11/GEM_2020_def_july1_low.pdf

[ii] https://www.amnesty.org/en/latest/campaigns/2016/06/drc-cobalt-child-labour/

[iii] https://www.ardalpha.de/wissen/umwelt/nachhaltigkeit/seltene-erden-energiewende-metalle-smartphones-china-100.html