Excursion aux journées de terrain Innov’Action à Haroué
Partout en France, des fermes et des stations expérimentales ouvrent leurs portes et présentent leurs projets innovants dans le sens d’une agriculture efficace mais respectueuse de l’environnement. C’est l’idée de l’action « Innov’Action – La vitrine de l’innovation agronomique ».
En Lorraine, c’est à la station d’enseignement et de recherche ALPA d’Haroué que des démonstrations, visites et conférences sur sept thèmes clés ont été organisées le jeudi 4 juin 2015. A l’invitation de la « Ekologesch Landwirtschaftsberodung » du Lëtzebuerger Jongbaueren a Jongwënzer et de l’Oekozenter Pafendall, un groupe de conseillers, d’enseignants, d’un agriculteur et de représentants administratifs s’est rendu à la foire agricole.
» Plan d’action pesticides – plan écophyto » et rotations culturales efficaces.
Le groupe a été accueilli en début de journée sur le stand du plan d’action français pour la réduction des pesticides « plan écophyto ». Arnaud Joulin, agent de la Direction de l’Agriculture de la Région Lorraine (DRAAF) et chef de projet régional du programme Ecophyto, a présenté aux participants de la visite de terrain le plan d’action français, sa conception structurelle, ses indicateurs et ses objectifs. Bien que l’évaluation à mi-parcours du plan d’action montre clairement que l’objectif fixé pour 2018, à savoir une réduction de 50 % des pesticides, ne sera pas atteint au niveau national, une réduction globale significative des pesticides a déjà été réalisée dans le réseau DEPHY Ferme. Afin d’éviter que le risque financier lié aux essais de méthodes agricoles alternatives ne soit supporté par un agriculteur pratiquant, les nouvelles méthodes sont d’abord testées dans le réseau de fermes d’essai « DEPHY EXPE », auquel appartient également la station de recherche ALPA visitée. Lors des essais, divers ajustements sont effectués pour réduire l’utilisation des pesticides, notamment une modification ou une extension de la rotation des cultures. Lors d’une visite ultérieure des champs d’essai, on a pu examiner une rotation des cultures de trois ans et une rotation prolongée de cinq ans la quatrième année. Avec des dates de semis échelonnées, le désherbage mécanique, les mélanges de variétés et le semis sous couvert, combinés à une réduction des doses de pulvérisation, les aspects positifs et négatifs des méthodes prometteuses ont été démontrés.
Par des agriculteurs pour des agriculteurs – les groupes de travail régionaux du plan écophyto
Véronique Laudinot, salariée de la Chambre d’Agriculture de Lorraine, a fait le point sur le travail de conseil dans le cadre du « plan écophyto ». Les conseillers collaborent avec les agriculteurs au sein de groupes régionaux. Ces groupes de travail, composés d’une quinzaine d’agriculteurs issus pour la plupart – mais pas nécessairement – de structures agricoles similaires (mixtes, grandes cultures…) se réunissent sur la base du volontariat au moins 4 fois par an pour échanger leurs approches en vue d’une utilisation réduite des pesticides. Un atelier sur un sujet commun et pratique, comme l’élevage ou l’augmentation de la fertilité des sols ou l’autosuffisance en fourrage, sert souvent de point de départ. De manière générale, une approche globale et agro-écologique est maintenue, dont la réduction des pesticides fait partie. Les groupes se rencontrent aussi régulièrement entre eux. C’est cet échange et ce partage d’expériences, par des agriculteurs pour des agriculteurs, accompagnés par des conseillers, qui, selon Véronique Laudinot, motive les agriculteurs et représente finalement le concept de réussite du programme.
Culture de protéagineux et plus d’autonomie sur l’exploitation
Sur le thème principal de la culture des légumineuses, quelques variétés de représentants connus des légumineuses, comme la féverole et le pois fourrager, mais aussi de nouveaux venus régionaux, comme la lentille, ont été présentées. Grâce à sa croissance fermée, la lentille supprime les mauvaises herbes, mais la récolte est encore difficile à l’heure actuelle en raison de sa faible croissance. La culture mixte de triticale et de pois fourrager est économiquement très prometteuse comme fourrage pour les ruminants avec un rendement de 50-60 dt DM/ha et en même temps de faibles dépenses de protection des plantes. En Lorraine aussi, la culture du soja n’en est qu’à ses débuts et c’est surtout sa transformation et son utilisation incertaines qui posent problème, même si des solutions régionales sont attendues dans un avenir proche.
Les résultats du désherbage mécanique et chimique combiné dans le maïs ont été démontrés au stand de désherbage mécanique. Entre autres, une houe à rouleau guidée par caméra a été utilisée. Un dispositif de culture sans sol pour le contrôle du chardon, avec une unité de coupe qui ne coupe que les tiges de chardon les plus fortes, affaiblissant ainsi la plante et empêchant la formation de graines, a également été présenté.
D’autres sujets ont été abordés dans deux présentations : l’autonomie fourragère dans les exploitations laitières conventionnelles et l’autonomie des exploitations dans l’agriculture biologique. Avec l’accent supplémentaire mis sur l’agriculture de précision et le sous-semis, la journée a couvert un éventail large et cohérent de sujets. Les événements Innov’Action dans la Grande Région valent vraiment le détour.
Même si les méthodes de travail agricoles dépendent fortement du lieu et ne peuvent pas toujours être mises en œuvre de manière individuelle, de tels événements donnent matière à réflexion et motivent à essayer de nouvelles choses. La communication et l’échange entre la recherche et les praticiens, ainsi qu’entre les agriculteurs eux-mêmes, sont des éléments essentiels pour faire avancer les choses. Cela est certainement aussi vrai en ce qui concerne la réussite d’un plan d’action.